La 6e édition du Phare de l’entrepreneuriat a été rythmée par des tables rondes, des ateliers et des concours de pitch. L’événement vise à réunir les startuppeurs et les jeunes entrepreneurs avec des acteurs majeurs de l’écosystème entrepreneurial tunisien afin de les aider à développer leurs réseaux et les faire rencontrer avec des bailleurs de fonds.
La branche internationale de l’association « Accede Provence Entrepreneurs », « Accede Internationale » et la « junior-entreprise Marketing Méditerranée Tunisie » de l’Ihec Carthage ont co-organisé, récemment, au siège de l’Utica à Tunis, la 6e édition du « Phare de l’entrepreneuriat ». Il s’agit d’un événement dédié à la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes et qui se tient par ailleurs, au Maroc, au Sénégal et en France.
Encourager les jeunes à lancer leurs projets
L’événement vise à réunir les acteurs majeurs de l’écosystème entrepreneurial tunisien, notamment des incubateurs, accélérateurs et startuppeurs, dans l’objectif de les aider à développer leurs réseaux, gagner en visibilité et les faire rencontrer avec des bailleurs de fonds. « On essaie d’inviter le maximum de personnes : des étudiants, des jeunes actifs, des entrepreneurs, le secteur privé, le secteur public… Le but est de montrer qu’en Tunisie on a vraiment énormément de choses qui sont en train de se passer. On essaie d’inspirer les jeunes et de leur montrer qu’il existe énormément d’accompagnement. Il faut juste les connaître pour pouvoir lancer sa startup et démarrer », a souligné dans une déclaration à La Presse le coresponsable de l’événement, Sami Ajimi.
«On encourage les jeunes à lancer leurs projets, à oser exploiter le marché tunisien et passer à la réalisation. La plupart des projets portés par les jeunes en Tunisie restent au niveau de l’idéation et, rarement, ces derniers passent à l’action c’est-à-dire à la réalisation du projet », a indiqué, de son côté, Syrine Lajmi, responsable qualité de Marketing Méditerranée Tunisie.
Un concours, trois lauréats
La journée a été rythmée par des tables rondes, des ateliers et des concours de pitch. Trois projets lauréats dans chacune des trois catégories suivantes : RSE; Innovation et Technologies ; Coup de Pouce, se sont vus décerner un prix d’une valeur de 1.000 euros (3.200 dinars) chacun. Les gagnants vont pouvoir bénéficier aussi d’un accompagnement de la part des partenaires. Le concours de porteurs de projet auquel plus de 200 jeunes ont candidaté est le couronnement d’un processus de sélection qui a démarré il y un mois. Neuf candidats ont été retenus et ont pu pitcher devant un jury composé d’experts en entrepreneuriat. « Innovi » a, également, offert 1.000 dinars au projet le plus innovant. « Les gagnants ne vont pas gagner simplement des prix. Nous sommes contre l’effet coup de poing où on donne un prix et on laisse les jeunes dans la nature. Il y aura un accompagnement notamment en matière de levée de fonds, au profit des lauréats », a affirmé Ajimi.
Interrogé sur l’évolution de l’écosystème entrepreneurial tunisien, le représentant d’Accede Internationale a mis l’accent sur l’engouement croissant des jeunes Tunisiens pour l’entrepreneuriat. «Ce qu’on a vu ici, c’est que ça bouge très vite. Par exemple, on a the Dot, qui vient tout juste d’être lancé. Il y a beaucoup de petits incubateurs qui commencent à surgir tels qu’Incub qui se dit le premier incubateur féminin en Tunisie. On a de la vision, de la technologie… Je pense qu’en Tunisie, on est sur une pente ascendante et croissante, voire exponentielle sur tout ce qui est startup et innovation. Je pense que le meilleur est à venir pour le monde des startup en Tunisie », a-t-il indiqué.
Des difficultés de financement
Cependant, pour les jeunes entrepreneurs, le financement demeure la pierre d’achoppement de la plupart des projets. C’est, en tout cas, ce qui ressort des témoignages de Mohamed Salah Zaggar et Tayssir Chtioui, deux candidats ayant pitché lors du Phare de l’entrepreneuriat.
Zaggar, 30 ans, a lancé une startup qui propose une solution technologique dans le domaine du transport collectif (taxi, transport non régulier des personnes par les voitures « louage » et transport rural). Elle repose sur trois volets : le tri de la monnaie grâce à une caisse trieuse, le contrôle de la traçabilité et la lutte contre la resquille via une application mobile, et la mise en contact avec les passagers, à travers la géo-localisation des passagers en dehors des gares routières. A travers sa participation à l’événement, le jeune startuppeur cherche à gagner en visibilité mais surtout à décrocher des financements. Il souligne que même si son projet a réussi à décoller, les difficultés de financement persistent et entravent son développement. « Le projet est encore à l’étape du démarrage. On est en train de travailler sur le déploiement des objets connectés dans les moyens de transport collectifs. Mais le financement demeure la première difficulté à laquelle se heurte le projet. Parce qu’une fois qu’on dispose de ressources financières on peut effectuer des recrutements et développer l’effectif et on peut aussi communiquer sur le projet via les médias. L’objectif de notre participation au Phare de l’entrepreneuriat est de donner plus de visibilité à notre projet, décrocher des financements et trouver l’accompagnement nécessaire qui va nous aider à améliorer nos idées », a-t-il précisé.
Faire montre de persévérance
Abondant dans ce sens, Tayssir Chtioui, 32 ans, fondatrice de Chkarti, une marque qui crée des sacs à base de tissu récupéré pour usage quotidien (sac à vrac, sac à pain, sac cabas, etc), a expliqué qu’un jeune entrepreneur est appelé à faire montre de persévérance et de courage pour pouvoir aplanir les difficultés qu’il rencontre. “Bien entendu qu’on rencontre des problèmes.
Mais on ne va pas rendre le tablier et jeter l’éponge à cause de ça. Il faut persévérer, trouver des solutions et arriver là où tu veux arriver. Il faut prendre son mal en patience. Il y a des concurrents sur le marché, et, pour mon cas, il y a des personnes qui ont créé des marques inspirées de Chkarti. Pénétrer le marché est un défi en soi. Parce que pour commercialiser un produit comme le nôtre, il faut miser sur la sensibilisation des citoyens. Il faut arriver à convaincre le citoyen non seulement d’acheter nos sacs mais aussi de changer son comportement nocif vis-à-vis de l’environnement”, a-t-elle commenté.